C’est une expérience qu’elle n’a vraiment pas appréciée, qui l’a profondément heurtée dans sa liberté d’écrivaine.
Cette prolifique auteure de romans, de poésie et d’essais s’est en effet vu un jour imposer, par une maison d’édition, la supervision d’une éditrice, qu’elle nomme une « cavalière ». Cette dernière, sans ménagement, s’est fait fort de commenter le travail d’écriture de Fatou Diome, de s’y introduire, pour supposément « mieux vendre » ses œuvres.
Sur presque 200 pages très énergiques, Fatou Diome dénonce cette intrusion dans le travail des écrivains. L’écriture étant pour elle chose passionnelle, son « dernier retranchement », elle n’admet guère cette attaque contre son indépendance, qui asphyxie le travail créatif au lieu de le soutenir, l’encourager : « Ce n’est pas écrire qui est difficile, mais la bataille pour écrire librement, poursuivre une sincère quête personnelle et la faire respecter comme telle ».
Elle s’en prend à tous ceux qui veulent jeter « un lasso au cou d’un écrivain », l’éloigner de sa source créatrice pour mieux le confiner à l’intérieur de cloisons qu’ils auront arbitrairement décrétées, au nom d’intérêts commerciaux.
Comme Fatou Diome est d‘origine africaine, elle revendique aussi la pleine liberté d’écrire ce qu’elle a envie d’écrire, de ne pas avoir à « ressusciter Tintin » pour réaliser les fantasmes des bonzes littéraires voulant maintenir des « clichés caducs ».
« Sans liberté, que vaut la création ? Pas même le poids d’une plume sur une balance ! Alors, me concernant, ce sera le verbe libre ou le silence », clame l’écrivaine dans ce vibrant et convaincant plaidoyer en faveur de l’autonomie littéraire, de sa pleine authenticité.