Italie, 1946 : au lendemain de la Seconde Guerre, le Parti communiste fait campagne contre la misère qui sévit dans les quartiers pauvres du sud de la péninsule. On transporte des milliers d’enfants dans le nord du pays où des familles sont prêtes à les accueillir le temps d’une saison.
Pour son troisième roman, l’autrice s’est inspirée des faits qui entourent cette opération historique. Le narrateur, Amerigo Esperanza, est l’un de ces enfants. À son père qu’il n’a pas connu, il doit ses cheveux roux et son prénom, car celui-là rêvait de l’Amérique où, dit-on, il serait parti faire fortune. C’est du moins ce que croit le garçonnet de sept ans. Il vit avec sa mère Antonietta dans un basso de Naples, l’un de ces appartements d’une pièce qui s’ouvre directement sur la ruelle. Une vie de dénuement où les repas ne sont jamais assurés. C’est pourquoi Antonietta, dont le fils aîné est mort des complications de l’asthme bronchique, se laisse convaincre par Maddalena, la jeune représentante communiste, de laisser partir Amerigo dans le nord, malgré les rumeurs de toutes sortes qui courent dans le quartier, dont celle que le train les emmènera en Russie. Le copain Tomassino est aussi du voyage. Alors que le train avance dans la nuit, Amerigo, seul à rester éveillé, se sent « triste dans [son] ventre », comme il dira chaque fois que la peine le gagne.
Après la crainte de l’inconnu, les enfants vont de surprise en surprise. La deuxième partie du roman raconte la saison d’Amerigo à Modène. La troisième, le retour du train à Naples et du narrateur auprès de sa mère. Dans la dernière, des décennies ayant passé, Amerigo revient sur les traces de son enfance à Naples et revoit son vieux copain Tomassino. Événements, réflexions et émotions soutiennent tout au long l’intérêt du lecteur.
Au cœur de cette histoire se joue le destin du narrateur, ce petit garçon sensible et futé. L’histoire d’un déchirement, d’un choix impossible entre le développement d’un enfant et l’amour d’une mère qui, n’ayant elle-même jamais reçu de câlins, ne sait pas dire son amour autrement que par sa formule favorite : « C’est pour ton bien ». Mais on comprendra tous ces non-dits à l’origine de malentendus, de ces malentendus dont il nous arrive à tous de prendre conscience trop tard.
Une page d’histoire où la solidarité fait la différence, un roman touchant, de ces œuvres que l’on ne quitte qu’à regret.