On sent dans les mots de l’urbaniste Jean Cimon et les dessins de Marc Boutin un attachement de longue date à la région de Charlevoix, à son patrimoine et à ses paysages « que l’on est en train de bulldozer et de marchandiser honteusement ». Leur « essai historique » s’ajoute à une longue liste d’ouvrages sur cette région méconnue. En se basant sur plusieurs sources, ils relatent à leur manière une histoire brève de Charlevoix, principalement des XVIIIe et XIXe siècles.
Le texte débute par des conseils pour visualiser l’astroblème, le cratère de Charlevoix, à partir du belvédère au sommet du mont du lac des Cygnes, tel qu’illustré par les croquis de Marc Boutin. Puis, Jean Cimon fait revivre l’époque coloniale, le « temps des Écossais » depuis l’installation de John Nairne à La Malbaie. Un peu comme une ébauche de roman historique, Jean Cimon imagine en dialogues une courte intrigue amoureuse entre la descendante du premier seigneur de La Malbaie et un Métis francophone nommé Augustin Blackburn. Les chapitres suivants racontent quelques moments représentatifs : l’âge d’or des goélettes à voiles au XIXe siècle, l’empire de la famille Forget, l’époque des bateaux blancs qui assuraient la liaison entre Charlevoix et Chicoutimi, Tadoussac et la rive sud. Tout un chapitre porte sur l’Isle-aux-Coudres. On comprend que tous ces épisodes servent de base au plaidoyer contenu dans les quatre dernières pages pour valoriser la redécouverte de Charlevoix selon des procédés autrefois conçus sur mesure : le navire de croisière et le train.
Le style de Jean Cimon pèche par des questions soulevées et pas toujours résolues, par exemple à propos de la romancière Laure Conan : « Laure Conan aurait-elle une double personnalité ? » ; « Laure Conan serait-elle malheureuse d’être une femme ? » ; « Femme à la fois soumise et rebelle ? » ; « Comment expliquer sa fréquentation assidue des religieuses et des prêtres, elle qui se targue de n’avoir la ‘vocation’ ni du mariage ni de l’entrée en religion ? ».
En somme, Le temps de Charlevoix risque de laisser le lecteur sur sa faim, car il combine plusieurs genres (souvenirs d’enfance, évocation historique, généalogie, esquisse de roman historique, plaidoyer pour la sauvegarde du patrimoine) sans les approfondir suffisamment. Il existe déjà de nombreuses références exhaustives sur la riche histoire de Charlevoix ; ce livre hétéroclite ne remplacera pas Histoire de Charlevoix (PUL) de Normand Perron et Serge Gauthier ou Histoire de l’île aux Coudres (Lux) d’Alexis Mailloux.
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