Raymond W. Baker a longtemps été impliqué dans le commerce international et il est reconnu comme un expert dans le domaine. Dans Le talon d’Achille du capitalisme, il trace un tableau de l’argent sale qui circule dans le monde sous toutes ses formes : l’argent des trafics criminels, de la corruption, des fraudes fiscales et du terrorisme.
Il déplore que les mêmes efforts ne soient pas déployés pour contrer le blanchiment et le transfert vers des banques occidentales de tous ces types d’argent criminel. Bien sûr, depuis les attentats du 11 septembre 2001, le combat contre l’argent du terrorisme s’est accentué. On s’intéresse aussi de plus en plus à l’argent des trafics, notamment celui de la drogue. Cependant, en ce qui concerne l’argent de la corruption et des fraudes fiscales, on choisit souvent de fermer les yeux, quand on ne cherche pas à se l’approprier. Mais l’auteur constate qu’il est extrêmement difficile de ne lutter que contre une partie de l’argent sale car, quelle que soit son origine, il emprunte les mêmes chemins. Il draine des sommes considérables des pays en développement vers les pays occidentaux et les paradis fiscaux. Cet argent soutiré aux pays les plus pauvres contribue à l’énorme disparité qui ne cesse de croître entre les plus démunis et les plus riches de la planète, une des plus grandes menaces contre le capitalisme et la démocratie. L’auteur plaide donc pour que ce pillage cesse et propose des mesures à adopter.
Le talon d’Achille du capitalisme est un ouvrage très intéressant, notamment pour la description des méthodes couramment utilisées afin de s’approprier l’argent de la corruption et de la fraude fiscale. L’exposé de certaines philosophies économiques est également passionnant. Car le pillage des pays les plus pauvres trouve même sa justification dans l’utilitarisme, qui veut que la fin justifie les moyens et que la richesse indue de certains privilégiés vaut le sacrifice d’autres personnes. Il semble que plusieurs banquiers et dirigeants de multinationales mettent encore de nos jours en pratique cette doctrine datant du XVIIIe siècle.