À deux pas de la gare du Palais, dans la basse-ville de Québec, se trouve un quadrilatère qui passe généralement inaperçu, aussi bien pour les touristes que pour les autochtones. C’est pourtant là que se dressait en Nouvelle-France le palais de l’intendant, haut lieu du pouvoir administratif, géographiquement situé au cœur de l’activité industrielle et commerciale de la colonie, et faisant pendant au palais du gouverneur qui, lui, se trouvait sur le cap, à l’emplacement actuel du château Frontenac.De 1982 à 2016, ce site a servi de chantier-école aux étudiants en archéologie de l’Université Laval. Ce livre fait état du bilan.C’est donc à la fois une initiation à l’archéologie et un plongeon dans le passé de la ville de Québec (en tant que telle, mais aussi en tant que berceau du Canada) que ce livre abondamment illustré nous offre en cadeau. Précisons que le palais de l’intendant est loin d’être le seul objet d’étude du périmètre. En effet, avant celui-ci, c’est la brasserie artisanale de Jean-Talon qui a occupé le site (1665-1675) et après, clin d’œil de l’histoire, ce sera la brasserie industrielle de la Boswell (1852-1968), surtout connue pour sa bière Dow.L’ouvrage nous montre une à une les techniques captivantes des archéologues, de l’archéobotanique à la xylologie en passant par l’archéoentomologie et la zooarchéologie… En effet, il s’agit non seulement de recoller de la vaisselle en mille morceaux et d’identifier des pièces de monnaie, des boutons, des vestiges d’armes à feu et des bijoux, mais aussi de reconstituer les modes de vie, les procédés techniques, le commerce, l’environnement naturel et l’alimentation de nos ancêtres à partir de détails aussi infimes qu’un bout de bois ou la carcasse d’un coléoptère de quelques millimètres trouvé dans l’ancienne boulangerie des magasins du roy… ou dans les latrines du palais.L’intérêt du livre réside dans la précision avec laquelle il exhibe toute la richesse de ces techniques sans nous étourdir, et en prenant bien soin au contraire de nous tracer carrément une histoire cohérente de la colonie, des premiers temps de l’occupation anglaise et du Québec de l’industrialisation jusqu’au milieu de XXe siècle comme si on y était, avec force plans, dessins et photos qui satisferont les esprits les plus curieux.On ne saurait conclure cette recension sans saluer la prévenance des concepteurs de la maquette, qui ont veillé à ce que chaque double page soit autonome, ce qui permet au lecteur de lire à son aise les nombreux encadrés et les légendes détaillées des illustrations sans devoir constamment se demander où arrêter la lecture du texte principal. C’est à ce genre de détail qu’on reconnaît un éditeur qui connaît son métier.
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