Jacques Gauthier a déjà à son crédit plusieurs essais, récits et recueils de poésie. Le secret d’Hildegonde est son premier roman et il y raconte la vie d’Hildegonde de Schönau. La courte vie de cette femme se résume en fait à une quête incessante de Dieu qui eût dû faire d’elle une sainte si elle n’avait été méconnue. Même si elle n’a pas été canonisée, elle a suffisamment marqué son entourage pour que son histoire soit transmise. Au XIIe siècle, les interdits étaient nombreux, en particulier pour les femmes. Cela n’empêcha pas Hildegonde de quitter sa Germanie natale pour se rendre en pèlerinage à Jérusalem. Ayant survécu à tous les dangers rencontrés, elle parvint à retourner en Europe. Plus tard, elle réussit même à se faire admettre dans une abbaye qu’elle avait vue en rêve.
Ayant lui-même été moine pendant quatre ans dans une abbaye cistercienne, Jacques Gauthier est bien placé pour décrire la vie monacale. Il décrit également de façon savoureuse la vie du pèlerin : « Marcher, telle était la respiration du pèlerin. Ne pas s’attarder en chemin jusqu’à Remagen. Fendre la bise qui mordait le visage. Longer la puissante artère du Rhin, miroir des âmes flottantes. Respirer l’haleine de Dieu de Coblence à Mayence. Dormir et manger dans les monastères, sinon passer la nuit à la belle étoile ou dans les églises. »
En somme, non seulement l’auteur raconte l’histoire singulière d’Hildegonde mais il donne aussi, par de nombreuses références historiques, un aperçu de la vie au Moyen Âge.