Dans le dernier roman de Henning Mankell, nulle trace de Kurt Wallander ni de sa fille Linda. Dans une petite province à l’autre bout de la Suède, en bordure de la frontière norvégienne, c’est Giuseppe Larsson qui enquête. Or le meurtre sauvage de Herbert Molin, policier à la retraite, donnera lieu à la rencontre de Giuseppe Larsson et de Stefan Lindman, lui-même policier à Borås, à quelques heures de route du Norrland où a été retrouvé le corps ensanglanté de Molin. En congé de maladie, Lindman, 37 ans, ex-collègue de Molin, se mêlera officieusement à l’enquête pour tromper l’attente d’une radiothérapie qu’il redoute.
Mankell nous a habitués, avec Kurt Wallander et ses collègues, parents et amis, à des personnages charismatiques et à des tonalités affectives qui nous sont devenues familières. Il se surpasse dans Le retour du professeur de danse où psychologie et sociologie prennent de plus en plus de place. Ses héros, humains avant tout, ne jouent pas les supermans ; bien au contraire, on les découvre dans toute leur vulnérabilité, ce qui les rend d’ailleurs fort sympathiques. Même le meurtrier de Molin, Fernando Hereira, suscite une certaine sympathie en sa qualité de victime d’un drame douloureux qui s’est joué dans un passé obsédant rempli d’ombre et qui concerne toute l’humanité demeurée indifférente. Lindman et Larsson découvriront avec horreur que la barbarie nazie a survécu et qu’elle est présente dans leur pays comme ailleurs, incarnée par des hommes et des femmes en apparence inoffensifs.
Les drames se succèdent dans le dernier roman de Mankell car à deux meurtres s’ajoutent des épreuves personnelles douloureuses, des angoisses existentielles bien senties et des disgrâces méritées. Comme dans les romans précédents, le fil narratif alterne ici encore entre l’action et la réflexion, ce qui a l’heur de plaire aux fidèles de Mankell.