Question délicate s’il en est une, l’immigration est souvent vue au Québec comme une planche de salut devant un avenir collectif plus ou moins certain. On connaît déjà cet ensemble de problèmes imbriqués : dénatalité, augmentation du nombre de couples sans enfants, diminution du poids démographique du Québec dans le Canada, et une population francophone qui semble croître mais à un rythme moindre qu’auparavant.
Systématiquement, Le remède imaginaire investigue toutes les dimensions liées à l’immigration au Québec, chiffres, études et statistiques à l’appui. Le résultat est déjà annoncé dans le titre : l’immigration n’aide nullement au futur du Québec et, pire encore, elle contribue à aggraver les problèmes sociaux auxquels nous faisons face, surtout en matière de pauvreté, de chômage, d’intégration et en ce qui concerne l’avenir du visage français au Québec. Les problèmes démographiques et culturels du Québec sont si amples que l’on aurait seulement espéré les résoudre en mettant de l’avant des politiques « miraculeuses ». Et ce n’est ni le supposé « racisme » ni la discrimination qui sont la cause de ce problème ; au contraire, « les employeurs évaluent plutôt bien les compétences des natifs et des immigrants ». Or, la plupart du temps, les résultats ne sont pas au rendez-vous.
On lit Le remède imaginaire en étant souvent incrédule, mais en même temps conscient que cette démonstration est rigoureuse et implacable : nos politiques d’immigration depuis vingt ans ont été un échec et le fait « d’augmenter la dose » de nouveaux arrivants ne peut plus être considéré comme une solution. Mais politiquement, personne ne veut être celui qui devra déclarer publiquement que nous avons mal géré le dossier de l’immigration. Dans un style clair et percutant, Benoît Dubreuil et Guillaume Marois ont rédigé un ouvrage qui dérange, qui brise nos espoirs, qui court-circuite nos illusions. Pour ces raisons, Le remède imaginaire restera un essai important. Il participe à un examen de conscience nécessaire et fait écho à un débat similaire qui se produit en Europe et ailleurs ; on pense en le lisant au livre The Multiculturalism Backlash, European Discourses, Policies and Practices (Routledge, 2010) de Steven Vertovec et Susanne Wessendorf.