Montrer la québécitude dans toute son immensité et sa splendeur : des gens d’ici, les grands horizons, les feuilles d’automne aux couleurs éclatantes, la neige à perte de vue, le fleuve infini, les routes de campagne, les villes et les villages ; et tout cela vu du ciel. Tel est le programme du beau livre, de format géant, que propose Mario Faubert.
L’album emprunte un concept déjà employé, il y a plus de vingt ans, par le photographe Pierre Lahoud dans Le Québec vu du ciel. Au rythme des saisons (L’Homme, 2001), commenté dans le numéro 87.
Déjà responsable de plusieurs ouvrages illustrés, Mario Faubert a survolé et photographié le territoire québécois durant des années, en toutes saisons, à différentes altitudes ; il nous offre ses photos les plus saisissantes dans Le Québec vu d’en haut.
C’est à un véritable héros national, le commandant Robert Piché – qui a évité une mort certaine à ses 200 passagers perdus au milieu de l’océan Atlantique – que revient l’honneur de préfacer ce beau livre offrant « au plus grand nombre d’enfin voir le majestueux spectacle qui s’offre à nous lorsque nous sommes en poste aux commandes d’un avion ». En effet, les photographies aériennes permettent de percevoir de nombreux lieux-dits comme le cap Diamant à Québec, le rocher Percé en Gaspésie ou, encore, les îles suscitant les trois cours d’eau, à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice, qui ont donné son nom à la ville de Trois-Rivières. Plusieurs photographies sont époustouflantes de beauté, notamment la vue aérienne du dessus du pont Jacques-Cartier surplombant le fleuve Saint-Laurent et recouvert de morceaux de glace géants. Cet angle transversal, vu du ciel, permet même de créer des zones d’abstraction dans différents paysages de champs réguliers ou d’eaux glacées. En guise de compléments, cinq textes de chansons emblématiques, devenues des classiques pour décrire et nommer le Québec, sont retranscrits : « La bittt à Tibi » de Raôul Duguay, « Saint-Laurent » de Robert Charlebois, « L’hymne au printemps » de Félix Leclerc, « Mon pays » et « Les gens de mon pays » de Gilles Vigneault. On n’aurait pas pu concocter un meilleur choix pour exprimer un condensé culturel du Québec.
Avec Le Québec vu d’en haut, les éditions Sylvain Harvey réussissent à égaler les meilleurs concepteurs de livres d’art à l’échelle internationale. Sur le plan éditorial, ce livre étoffé est une réussite complète et pourrait constituer un modèle du genre : couverture rigide, reliure solide, papier épais, commentaires synthétiques, photographies de très grand format avec une seule image par page et souvent étalées sur pages contiguës – et non deux ou trois petites photos par page, comme on le remarque souvent ailleurs, dans d’autres ouvrages moins bien réussis. Les textes servant de légendes aux photographies sont tous regroupés entre les sections ; afin de ne pas détonner, on évite de mélanger le texte et les images sur une même page. Ces courtes légendes sont en français et en anglais. Le Québec vu d’en haut nous incite à contempler les illustrations, à les examiner, à les revoir, à vouloir les conserver. C’est le cadeau idéal à recommander lorsque des touristes européens veulent rapporter avec eux un livre d’images colorées montrant le Québec dans son unicité et son infinitude.