C’est dans la ville sainte qu’Edward Whittemore propose au lecteur de se déplacer dans ses deux romans de science-fiction réunis sous le titre Le quatuor de Jérusalem : Le codex du Sinaï et Jérusalem au poker. L’élément déclencheur de l’intrigue réside dans la découverte, par Skanderberg Wallenstein, d’une « Bible originelle » jamais lue jusqu’alors, remplie d’événements et de faits historiques qui risqueraient, s’ils étaient connus de tous, de remettre en cause l’ordre du monde, le plongeant dans un chaos sans précédent. « Imaginez ce qui se produirait si [l’on] venait à penser que Mahomet avait vécu six siècles avant Jésus-Christ et non six siècles après. Et si le Christ n’avait été qu’un prophète mineur à l’époque d’Élie. » Pour remédier à la situation, Wallenstein entreprend de rédiger une contre-façon de cette Bible. Son entreprise s’échelonnera sur sept années.
Sur une longue période de temps (de 1784 à 1945), divers protagonistes seront amenés à se rencontrer à Jérusalem et tenteront de se rapprocher des deux livres sacrés. Une quête sous-tend alors les romans, quête qui, plutôt que de mener aux objets convoités, dirige les personnages vers leur intériorité et vers leur propre finitude. Histoire complexe que celle-là, qui se révèle riche de repères temporels, de personnages, de références culturelles et bibliques, et qui commande une lecture attentive.
Les amateurs de science-fiction trouveront leur plaisir dans cette aventure excentrique qui repousse les limites de la raison – en effet, le thème de la folie, que ce soit sous la forme du délire paranoïaque ou des troubles de la personnalité, est amplement exploité – et celles du temps. Ils navigueront aisément entre les familles royales, les lieux et les époques. Une lecture divertissante, en somme, qui oblige le lecteur, l’espace d’un instant, à se dessaisir de toute conception tangible du monde connu pour se laisser entraîner dans un voyage empreint de magie, dans un univers tourmenté, certes, mais qui se veut des plus rafraîchissants.