À quoi un pataquès peut-il bien ressembler ? Qu’est-ce qu’une anacoluthe ? S’agit-il d’un oiseau exotique, ou mieux, d’un poisson à trois yeux ? Une chose est sûre, pour ces spécimens loin d’être menacés de disparition, la chasse est ouverte à l’année. Les linguistes et grammairiens de ce monde se font d’ailleurs un devoir de les poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements : ce sont, vous l’aurez deviné, de ces entorses au bon usage de la langue qu’il est ici question.
Une longue histoire d’amour lie Louis Cornellier au français, un de ces coups de foudre éprouvés dès l’enfance, proches de l’idée fixe et vous occupant l’esprit au quotidien. Mais la langue française est une dame exigeante en plus de se montrer parfois fantasque. Le chroniqueur au Devoir dresse une liste de ses caprices dans Le point sur la langue, un recueil d’essais « en situation » qui rompt avec l’aridité desséchante des précis ou manuels spécialisés. Fort d’exemples tirés de films, de téléséries et de quotidiens québécois, il passe en revue une série de difficultés grammaticales, orthographiques et syntaxiques ou prend position sur des débats sociolinguistiques actuels.
Où l’on apprendra que, lorsque notre esprit vagabonde, ce n’est pas que l’on baille aux corneilles, mais plutôt que l’on baye aux corneilles ; qu’il est préférable d’utiliser « la plupart du temps » à « plus souvent qu’autrement », un autre de ces insidieux calques de l’anglais ; que la médicalisation des troubles d’apprentissage (dyslexie, dysorthographie) n’est pas une panacée, qu’elle peut éclipser des facteurs d’influence sociaux, pédagogiques et familiaux plus profonds ; enfin, que les Québécois d’aujourd’hui, oh ! surprise, parlent un français plus standard qu’il y a quarante ans.
Les cinquante petites leçons remettent ainsi bien des points sur des i, rectifient de nombreuses faussetés propagées par la doxa. Elles ont le mérite de ne prendre personne de haut, car apprendre avec Cornellier, aussi professeur de littérature au collégial, se fait dans une atmosphère d’humour invitante, décomplexée, une formule prisée par Guy Bertrand, le linguiste attitré de Radio-Canada à l’égard de qui Cornellier reconnaît volontiers sa dette. Ces capsules linguistiques sont donc destinées à tous ceux et celles que la langue française a un jour fait grimacer, c’est-à-dire à tout le monde.
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