On associe souvent la multinationale Monsanto aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Pourtant, s’il est vrai que cette entreprise d’origine américaine tire maintenant la plus grande part de ses revenus des OGM et de l’herbicide Roundup, elle s’est déjà fait connaître par la commercialisation de plusieurs autres produits tout autant controversés. En effet, Monsanto a été impliquée dans la fabrication du DDT, un insecticide puissant et dans celle de l’agent orange, un herbicide dévastateur ayant acquis une sinistre réputation au cours de la guerre du Vietnam. Elle a également produit des BPC (biphényles polychlorés), substances utilisées comme réfrigérants et lubrifiants et qui se sont révélées hautement toxiques. Plus récemment, elle a commercialisé une hormone de croissance bovine qui stimule la production de lait chez les vaches, dont l’utilisation est contestée à cause des mammites et des traitements répétés aux antibiotiques qu’elle provoque.
En somme, Monsanto est depuis longtemps engagée dans des champs d’activité pouvant présenter des risques pour la santé humaine et pour l’environnement. On pourrait donc croire qu’elle a appris à se montrer prudente dans la mise en marché de ce qu’elle fabrique et distribue. Pourtant, Marie-Monique Robin, en s’appuyant sur de nombreux documents qu’elle a débusqués au cours d’une enquête fouillée et minutieuse, ainsi que sur plusieurs entrevues, trace plutôt le portrait d’une entreprise faisant fi de la prudence et ne reculant devant rien pour augmenter son chiffre d’affaires. Une multinationale refusant de rendre publiques les données des études ayant servi à la publication de rapports sur les effets de ses produits sur la santé. Une entreprise cherchant à ruiner la carrière des scientifiques qui émettent des doutes sur l’innocuité de ce qu’elle vend.
Les révélations de Marie-Monique Robin donnent froid dans le dos. À tel point qu’on peut se demander si l’insouciance des entreprises comme Monsanto et le laxisme des organismes publics de contrôle n’en viendront pas à provoquer une grave crise alimentaire et sanitaire.