Dédicacé au cinéaste Bernard Émond, Le milieu de partout entrouvre en nous, textes et photos, le trou de chacun. Ça part de là, ici, d’un cratère de Sudbury qui pourrait – rien de moins – avoir signé « indirectement » une part de l’origine de la vie sur la Terre. Gaïa habite en tout lieu. Cela donne à rêver, à se déplacer, comme lorsque « l’oreille géopoétique accueille aussi des fantasmes où le monde et l’esprit se traversent ». Les chemins vont donc se multiplier tout au long de ce recueil dense. Il me souvient d’un prêtre maya rencontré au Guatemala et qui m’avait entretenu de la Porte du Monde. Avec Dimanche, nous sommes comme chez le peuple du maïs, in situ.
Trois parties s’imposent à la méditation : « La vie sur Terre commence ici », « Un homme patine » et « Le milieu de nulle part (O-NTARI-O) », flanquées d’un appendice : « Calmez-vous ». Dans la première, entre les pierres, des plantes susurrent leurs appels, nous font signe comme des lettres et des mots, « simultanés qu’ils sont dans l’exil où s’imagine la fondation ». Le paléographe ne cesse d’observer, yeux et ventre à terre, comme les écoliers apprenant des leçons de choses, découvrant tout à coup l’immensité des mines, lorsque les maîtres ont laissé derrière eux les champs en ruine, découvrant également ce que la rencontre des sexes génère. L’énergie lumineuse et l’énergie sombre se rencontrent pour appeler la suite, les forêts sortant les unes des autres, même lorsque l’humain persiste à les détruire. Avec l’écrivain, nous montons toujours plus au nord, entendre les récits de l’homme qui, lancé sur la glace, trace toutes sortes de figures d’espace avant de revenir encore en Ontario, distance et proximité se rejoignant au mitan du futur. Une topologie émerge grâce à laquelle des espaces et des nœuds permettent de « venir et revenir dans un plan / quand surnager / demande tout ». Il y a là, dans ce milieu ambiant, un travail de transmission qui fait passer les héritages et les habitats au cœur du patrimoine. Qu’il y ait beaucoup ou rien, peu importe : ce qui compte, c’est la suite du monde. Thierry Dimanche, avec son écriture de lames et d’hélium, marche comme un arpenteur au sommet du soleil. C’est à mon oreille ce que dit le chant de gorge final de ce magnifique petit livre, à savoir que, « Vite », mieux vaut tendre l’oreille si l’on souhaite penser la « fin du monde / comme un endroit / où surgir ».
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