Voici un livre important. Deux spécialistes canadiens des médias, Peter S. Grant et Chris Wood, ont enfin rédigé la première « Bible » sur la diversité culturelle, qui établit l’importance pour le Canada (et pour le Québec) de préserver une culture nationale et par ailleurs d’assurer sur ses marchés une véritable diversité culturelle, c’est-à-dire une pluralité de provenances dans le domaine des livres et des films, à la télévision et dans le domaine des enregistrements sonores. La culture n’est pas une marchandise comme les autres, tout simplement parce qu’elle est plus qu’une marchandise.
La démonstration des auteurs est remarquable. Au sein des industries de l’imaginaire, Hollywood s’est hissée en position dominante en monopolisant l’offre cinématographique à tous les niveaux : salles de cinéma, télévision, vidéo et DVD. Les productions hollywoodiennes sont devenues difficiles à éviter pour le spectateur non averti et laissent de moins en moins de place aux autres pays. Peter S. Grant et Chris Wood remettent en question la conception selon laquelle le consommateur serait roi, choisirait spontanément ce qu’il veut bien voir ou lire. Dans cette industrie de masse, le choix des œuvres semble vaste, mais ce qui nous est offert reste au départ délimité par ceux qui dominent le marché. Et cette industrie en veut toujours plus, tentant d’abaisser les barrières protectionnistes et de nous faire croire que ses films sont partout simplement parce qu’ils sont les meilleurs.
Ce livre sera accessible à tous ceux que la culture et les arts intéressent. Les auteurs ont le sens de la formule et la traduction est impeccable. Le propos clair et rigoureux, de l’ordre de l’économie politique des médias, ce qui est assez rare au Canada, s’oppose à la politique du laisser-faire qui a longtemps permis aux « lois du marché » de maintenir l’hégémonie de ceux qui ont envahi le paysage culturel canadien – et mondial. La conclusion prône un plus grand respect des cultures nationales et associe la diversité culturelle à la démocratie. Pour ma part, j’estime que Le marché des étoiles est le meilleur essai sur les industries culturelles paru depuis dix ans.