Avec ce recueil de grande et belle stylisation, nous sommes invités à des révélations humaines, à une « traversée » de l’âme dans un univers en proie à une perte de repères. La poésie se présente alors comme un refuge devant LA souffrance ‘ l’être peut reposer, souffler, écarter de lui brièvement l’inévitable venue de la mort ou la simple solitude, petite mort en elle-même… Serait-ce cela le véritable, sinon l’unique sens de l’acte poétique ? Ou la seule possibilité de se libérer de tous ses fardeaux ? À tous le moins, combler l’ABSENCE dans toute l’acception du terme.
Les somptueuses images poétiques surgissant de l’écriture de Hugues Corriveau virevoltent autour des êtres abandonnés, mais vivants, que nous sommes, que nous avons toujours été dans ce cirque qu’est le monde. « Stupeur de voir que s’écoule de soi le signe », écrit l’auteur. Cette « hémorragie du sens », comme l’a naguère évoqué Fernand Dumont, semble constituer notre seul viatique. Mieux vaut sans doute cela que l’insignifiance qui, trop souvent, nous entoure, nous domine.