Alfred Rosenberg a participé à la fondation du Parti nazi et a été parmi les premiers à soutenir Hitler, dès 1919. Il est considéré comme le principal théoricien antisémite du national-socialisme. En tant que rédacteur en chef du journal du parti et auteur de plusieurs articles, pamphlets et livres, il s’est acharné à répandre un message de haine contre le peuple juif. Il dénonçait l’existence d’un soi-disant complot juif mondial, et ses idées ont servi de fondement pour l’Holocauste. Il est donc sans doute justifié de parler de « journal du Diable » pour désigner le cahier dans lequel Rosenberg a noté les événements et ses pensées à compter du 14 mai 1934.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le journal de Rosenberg a fait partie des nombreux documents destinés à servir de preuve aux Alliés, afin de faire condamner les principaux criminels de guerre. Le cahier à couverture rouge de Rosenberg s’est retrouvé entre les mains de Robert Kempner, un procureur américain au procès de Nuremberg. Dans le fouillis entourant la gestion des très nombreuses preuves réunies, Kempner a conservé le fameux journal, probablement afin de s’en servir pour la rédaction d’un ouvrage dont il pourrait tirer profit. Laissé à ses proches à sa mort, le document a fini par être « récupéré », après bien des difficultés, par Robert Wittman, un ex-agent du FBI.
Le journal du Diable comporte trois parties distinctes. D’abord, un récit retraçant la « quête » de Wittman à la recherche du journal disparu. Ensuite, un autre portant sur les événements ayant mené Kempner à fuir l’Allemagne et à participer aux procès de Nuremberg. Enfin, un long résumé du journal de Rosenberg.
Il apparaît paradoxal et ironique que ce soit finalement l’ex-agent du FBI qui publie un livre à la suite de son accès privilégié au fameux document. Lui qui dénonce Kempner pour avoir voulu, dans la même situation, l’utiliser à son propre profit. Bien sûr, il ne s’est pas lui aussi approprié le journal, qui est maintenant conservé au Musée du mémorial de l’Holocauste des États-Unis, à Washington. Mais tout de même… Et puis, a-t-on réellement besoin d’une énième histoire du nazisme et de ses crimes ? À bien y penser, peut-être que oui, à une époque où l’on redécouvre combien l’être humain se montre volontiers cruel envers ses semblables, pour peu qu’il en trouve un prétexte religieux, racial, ou autre.
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