Disparus, Léon et sa Clarence de C’est pas moi, je le jure !, premier roman de Bruno Hébert. Malgré la connotation ludique du titre de cette troisième œuvre, l’auteur y a délaissé l’univers de l’enfance pour plonger dans les mers obscures de l’âge adulte.
Pas de demi-mesures, cette fois. Alors que dans Alice court avec René, Bruno Hébert hésitait encore entre deux états, tel un adolescent vacillant entre autonomie et dépendance, il explore ici résolument la crise de la quarantaine. Son je narratif n’est donc plus celui du gamin déluré, mais plutôt la voix de l’écrivain face au vertige de la page blanche, de l’homme qui cherche une raison de vivre, donc d’écrire.
Sa fuite en avant prend les allures d’une folle virée au Mexique où il espère témoigner par sa plume de drames grandioses. Au lieu de quoi, comme il l’énonce si bien lui-même : « Moi qui voulais écrire un grand roman-fleuve, j’ai les deux pieds dans le ru ». Retour à la case départ, donc, où le narrateur tirera tout de même profit de ses orphelines, ses notes de voyage, en jouant les transfuges entre maisons d’édition.
L’écriture de Bruno Hébert, alimentée de cynisme et d’auto-analyse, n’a rien perdu de son pouvoir hilarant.