Quelle audace !
Et quel courage il a fallu à Marie Josée Cordeau pour accepter de revivre, par le biais de ce premier ouvrage à la fois autobiographie et essai multidisciplinaire, le terrifiant cauchemar du mobbing.
L’auteure raconte d’abord sa propre expérience : celle d’une employée modèle piégée par son perfectionnisme et déstabilisée par des patrons manipulateurs et narcissiques. Ignorée par la basse-cour d’employés craignant d’être pris à partie, Marie Josée Cordeau glisse lentement mais inexorablement vers l’état de victime dépressive. Elle devra affronter toutes les vexations sous forme d’atteintes à sa dignité et à ses compétences avant qu’on ne la mette à pied ce qui lui sera salutaire !
Les deuxième et troisième parties du livre sont consacrées aux aspects techniques (définition du harcèlement, législation, statistiques) ainsi qu’au processus de guérison. Car c’est bien d’une agression criminelle dont il s’agit, ne l’oublions pas, et la victime doit se reconstruire après un burn-out ou un stress post-traumatique.
Ce petit livre paru discrètement, édité dans la collection « Psy populaire », vient appuyer la nouvelle loi du premier juin 2004 qui interdit le harcèlement psychologique en milieu de travail.
Lecteurs, dépassez la profusion gênante des comparaisons qui alourdissent le récit et la maigreur des solutions proposées (pas facile de jouer la carte de l’indifférence devant la perversité morale !) pour accueillir ce témoignage unique et précieux.
Aujourd’hui, madame Cordeau cite Hirigoyen, Nazare-Aga, Soares. Mais demain, c’est Marie Josée Cordeau que l’on citera en tant que référence incontournable sur le fléau social du harcèlement.