Treize experts exposent ici leurs réflexions sur « la légitimité et le contenu d’une politique linguistique favorisant l’essor de la langue française dans [la] société plurielle » qu’est le Québec contemporain. Un article rédigé par le professeur Michel Pagé, rattaché au Département de psychologie et au Centre d’études ethniques des universités montréalaises, à l’Université de Montréal, « a été communiqué [aux auteurs] par le Conseil supérieur de la langue française » du Québec et « a servi […] d’amorce à la discussion » : « […] notre centre d’intérêt », disent les éditeurs de l’ouvrage en introduction, « est le français en tant que langue commune de la communication entre les francophones et les personnes de langue maternelle autre que le français », c’est-à-dire, insiste-t-on, « le français en tant que langue prépondérante de la communication publique ». C’est la « réalité » abordée par le texte initiateur de Michel Pagé, qui opte « pour un modèle d’incorporation civique [et non plus seulement ethnique] intégrationniste plutôt qu’assimilationniste ».
Professeurs d’université pour la plupart, les collaborateurs viennent d’horizons divers. Ils sont philosophes, politicologues, sociologues, psychologues, et trois approches caractérisent leurs interventions : sociopolitique, avec Paul Béland, Leigh Oakes, Jacques Beauchemin, Jocelyn Maclure et Michel Seymour ; socioculturelle, avec Jocelyn Létourneau et Carmen Mata Barreiro ; et sociopsychologique, dans le cas de deux articles écrits conjointement par Roxane de la Sablonnière et Donald M. Taylor, d’une part, et par Richard Clément et Susan Baker, d’autre part. Le co-éditeur de l’ouvrage, Pierre Georgeault, directeur de la recherche et de l’administration au Conseil supérieur de la langue française, vient conclure en faisant une « intégration des discussions et positions » des auteurs « dans la perspective d’une lecture intégrative des différents discours ».
Bien que suscitées par lui, ces collaborations ouvertes et multidisciplinaires « ne reflète[nt] pas les positions du Conseil », précise-t-on à deux reprises, parce que « aucun membre n’y a participé ». Comme le dit la préfacière Nadia Brédimas-Assimopoulos, présidente du Conseil, cet ouvrage « servira de point de départ aux réflexions futures ». Le français, langue de la diversité québécoise s’avère une étape stratégique importante dans la nécessaire poursuite d’un débat amorcé depuis de nombreux lustres sur la question linguistique au Québec, ainsi qu’en témoigne du reste l’abondante bibliographie terminale. Il s’agit d’un livre riche de suggestions, où la réflexion est honnête et le ton posé.