Présumant que le moderne se ressent des aléas de sa naissance, ce remarquable ouvrage collectif s’ouvre sur « la genèse de l’idée fédérale chez les pères fondateurs américains et canadiens ». Il terminera son parcours en zone d’actualité : « Les villes dans le système intergouvernemental canadien », « Vers un fédéralisme postcolonial ? », « Les modèles asymétriques au Canada et en Espagne ». Imperturbables, deux orientations s’affrontent. D’une part, Québec veut assumer partout les responsabilités qui sont siennes à l’intérieur du Canada ; d’autre part, le fédéralisme à la Trudeau réserve au seul gouvernement central le droit de parler. La question émerge : que reste-t-il du fédéralisme ?
Les mérites de ce travail sont nombreux. Le premier est de verser un contenu dans les termes dont usent les médias sans en préciser les contours. Le déséquilibre fiscal cesse d’être une nébuleuse. L’union sociale canadienne devient un enjeu défini. À l’inverse, le fameux « pouvoir de dépenser » doit avouer son absence dans les textes constitutionnels. Un deuxième mérite, c’est celui d’une franchise affranchie de la rectitude politique. Le texte d’Andrée Lajoie, « Le fédéralisme au Canada : provinces et minorités, même combat », en témoigne : « Il s’agit donc d’un envahissement par les autorités fédérales des compétences provinciales – ou, dans le cas de partenariats imposés, d’une vente au secteur privé des compétences provinciales par les autorités fédérales ».