Depuis le début des années 2000, les éditions du Seuil et Écailler du Sud ont entrepris de publier en traduction française certains des meilleurs romans et polars de Luis Fernando Verissimo, figure majeure de la littérature brésilienne. Lui-même fils d’écrivain, Verissimo est journaliste, scénariste pour le cinéma et la télévision, humoriste, bédéiste et saxophoniste de jazz. Il a publié avec un égal succès romans, polars – dont plusieurs ont été adaptés pour le cinéma et le théâtre – bandes dessinées, poésie, récits de voyage et chroniques journalistiques à l’humour corrosif.
Dernier roman traduit, Le doigt du diable raconte fort habilement l’histoire d’une pernicieuse guerre bactériologique menée en coulisses par un petit groupe de leaders qui, selon les dires de Josef Teodor, s’avèrent être les véritables dirigeants du monde. Mais le jeune journaliste, débarqué à Manaus, au cœur de l’Amazonie, pour enquêter sur des plantes médicinales inconnues, peut-il vraiment croire le récit du Polak ? Cet exilé aux origines nébuleuses, carburant à la cachaca à longueur de journée, est-il vraiment l’ancien tueur à la solde de la puissante organisation clandestine ? Le Dr Curtis, pris de remords, a-t-il réussi à découvrir la racine de l’antidote au virus qu’il a inoculé en Afrique ? La sensuelle Serena, au corps moitié indien moitié danois et aux pouces amputés, serait-elle aussi une initiée de la secte, inspirée d’une toile du grand peintre Fra Angelico, qui attend l’inévitable fin du monde ? Et pourquoi l’éditeur en chef du journal, qui ne se souvient jamais du nom du jeune journaliste, s’intéresse-t-il soudain à son histoire ?
Remarquable à plus d’un égard, Le doigt du diable ressemble à un thriller. Ce court roman garde un suspense constant ; mais l’essentiel de l’action, qui tient presque seulement au seul récit de l’ex-tueur ivrogne, se déroule entre les murs d’un bar et ceux d’une chambre. Il contient également les principaux ingrédients qui ont fait le succès de récents best-sellers internationaux où s’entremêlent art, religion et organisation clandestine. Mais Le doigt du diable appartient à un tout autre genre. Avec son « code Fra Angelico », Luis Fernando Verissimo démontre brillamment tout son art du roman satirique.