À l’époque de la télé-réalité et de Star Académie, le cinéma documentaire conserve sa nécessité. Qu’il soit historique, politique, ethnographique, il pose un regard subjectif sur le réel. Contrairement au journaliste, le documentariste prend parfois parti, légitimement, délibérément.
Ce livre conjointement écrit fournit des éléments historiques, théoriques, techniques pour comprendre l’évolution du documentaire. Il se concentre sur une période d’effervescence et de renouveau, qui couvre les années 1958 à 1965. Le passage du documentaire conventionnel (sur le plan narratif) au cinéma direct caractérise cette période ; il a été rendu possible grâce à des facteurs techniques (caméras 16 mm plus légères, capacité de capter le son synchrone). La contribution des cinéastes québécois Michel Brault et Pierre Perrault est ici essentielle, de même que celle des Richard Leacock aux États-Unis, Mario Ruspoli et Jean Rouch en France. On a du mal à s’imaginer que le tournage en synchrone, comme le permet le camescope, constituait un exercice inconcevable avant 1960. Progressivement, les nouvelles possibilités de la caméra muette combinée au magnétophone à ruban ont permis au cinéma documentaire d’accéder à de nouvelles formes narratives, en faisant entendre directement les intervenants au lieu de parler d’eux après coup, à la troisième personne. Le film Chronique d’un été (1962) de Jean Rouch et Edgar Morin marqua ce tournant.
L’ouvrage se divise en quatre parties : la préhistoire, l’avènement du cinéma direct proprement dit, les différentes tendances du cinéma-vérité et enfin les continuateurs de ce genre (de Ken Loach à Raymond Depardon). Ce livre accessible permettra, à qui s’intéresse au documentaire, d’en comprendre la spécificité, une lecture qui pourrait s’accompagner de l’incontournable essai de Gilles Marsolais, L’aventure du cinéma direct revisitée, publié en 1997.