Ce roman relate la vie d’Eduard Einstein (1910-1965), fils cadet d’Albert Einstein et de sa première épouse, Mileva Marić. Grand admirateur de Freud, Eduard rêvait de devenir psychanalyste. Un tout autre destin l’attendait cependant. Atteint de schizophrénie, il dut être interné à Burghölzi, une clinique psychiatrique de Zurich. Il n’avait que 20 ans. Il y serait encore, 35 ans plus tard, au moment de sa mort.
Écrivain et médecin, Laurent Seksik est l’auteur de six romans à succès depuis Les mauvaises pensées (1999). Son roman précédent, Les derniers jours de Stefan Zweig (2010), a été adapté pour le théâtre et la bande dessinée. Avant de retracer le drame familial au cœur de la vie du célèbre physicien, Seksik lui avait déjà consacré une biographie en 2008. Les éléments qui faisaient des Derniers jours de Stefan Zweig une œuvre intelligente et pleine d’empathie sont à nouveau réunis ici : une écriture méticuleuse et aérée, une documentation étendue, une évocation vivante de l’arrière-plan historique.
Le cas Eduard Einstein est un roman à trois voix. Entre Berlin, Zurich et Princeton, le romancier entrelace les points de vue d’Einstein, de son ex-femme Mileva et de leur fils Eduard, qu’ils surnomment « Tete ». Récit troublant d’un apprivoisement de la maladie mentale, le livre de Seksik dépeint aussi, de façon très convaincante, la difficulté qu’éprouvèrent Eduard et son frère aîné Hans-Albert d’être les fils de l’homme qui passait pour le plus grand génie du XXe siècle. Albert Einstein y apparaît sous un éclairage intime, fragilisé par la mort de sa fille Lieserl (dont l’existence fut tenue secrète jusqu’en 1985), par le problème « sans solution » posé par son fils schizophrène, ainsi que par la persécution dont il fut la cible aux États-Unis à l’époque de la Peur rouge. À n’en pas douter, Seksik signe ici une œuvre marquante.