Étudiante à Paris, Ariane rédige un travail portant sur l’évolution de la langue en milieu rural et transmet par courriels à sa mère les fragments d’un roman qu’elle écrit en parallèle. Comme son travail de session n’avance pas, elle finit par demander à sa mère de conclure son histoire. Une histoire par ailleurs plutôt mièvre, peuplée de personnages naïfs et saugrenus, stéréotypes de la littérature sentimentale, aux prises avec des vicissitudes à l’issue généralement favorable.
Comme le roman de son héroïne, celui de Germaine Comeau part dans toutes les directions : le récit, avec une surabondance de détails, émaillé de bons mots, de réflexions personnelles et de quelques citations, nous transporte d’anecdote en anecdote. Déconcertant donc ce récit qui prend des allures d’annales dans le premier tiers du livre, se transforme en roman épistolaire dans le deuxième et qui s’achève en pamphlet sur un touchant plaidoyer pour la langue vernaculaire.
Roman maladroit, au souffle court : Germaine Comeau y accumule les ingrédients sans jamais s’arrêter pour écouter ses personnages dont la présence, souvent, ne semble motivée que par le caprice d’une auteure qui veut s’exprimer sur trop de sujets à la fois. Le lecteur de Laville se trouve ainsi entraîné dans un mouvement perpétuel où il s’égare, faute de réel fil conducteur. Germaine Comeau a pourtant mille et une histoires à offrir, à preuve les nombreux thèmes à peine effleurés dans Laville. Mais voilà, qui trop embrasse mal étreint
Dommage aussi que l’auteure ‘ à l’instar de Michel Tremblay au Québec ‘ n’ait pas choisi d’écrire dans la langue pittoresque et savoureuse particulière à son coin de pays, ce qui aurait été une belle façon d’en faire l’apologie Sans compter qu’on a supprimé les accents circonflexes dans le texte, séquelle d’une malheureuse tentative de réforme de l’orthographe concoctée par des linguistes et des représentants de l’Académie française qui, fort heureusement, n’a guère trouvé d’adeptes ici comme en Europe.