Avec L’atelier du temps, premier roman traduit en français d’Àlvaro Uribe, l’écrivain, diplomate et philosophe pose un regard aigu sur la bourgeoisie mexicaine et ses figures patriarcales dominantes.
Sans avoir fait aucune étude universitaire, Miguel Primero entre dans la fonction publique et se hisse, grâce à sa vive intelligence, jusqu’au poste de secrétaire d’État. D’un orgueil aveugle et démesuré, il régente la vie de sa femme et de son fils Miguel Segundo qui, bientôt, se pose en ennemi d’autant plus détesté que cette rivalité atavique embrase tout à la fois les sphères professionnelle et privée de la vie des deux hommes. Cette guerre inexorable ne prendra fin qu’avec la tragédie qui détruira le noyau familial à travers la rébellion désespérée de Miguel Tercero, fils de l’un et petit-fils de l’autre, à la fois témoin, bourreau et victime expiatoire.
Cette saga familiale est élaborée selon une construction fragmentaire où le portrait du patriarche et la chronologie des événements qui ont cristallisé la haine sont dévoilés peu à peu à travers cinq voix très différentes. Une haine qui, au bout du compte, unit les trois hommes.
Auteur de plusieurs romans et récits, Uribe a également écrit un essai sur les figures légendaires de la littérature sud-américaine que sont Jorge Luis Borges, Julio Cortázar et Juan Rulfo. L’atelier du temps, dont la fin surprenante n’est pas sans rappeler les univers baroques et métaphysiques de ces écrivains, a obtenu le prix Antonin-Artaud 2004.