La science-fiction a longtemps été considérée comme l’apanage des hommes. Encore aujourd’hui, l’opinion générale veut que les femmes détestent ce genre littéraire. Heureusement, des auteures comme l’Américaine Ursula Le Guin prouvent le contraire : non seulement certaines d’entre elles adorent ça, mais elles écrivent avec talent !
L’anniversaire du monde, publié en anglais en 2002, regroupe huit nouvelles, dont sept sont tirées de l’univers créé par l’auteure il y a plusieurs années : l’Ekumen. Ceux qui ont lu certaines de ses œuvres y retrouveront, par exemple, les planètes d’O et de Géthen.
La plupart des peuples présentés dans ce recueil possèdent des mSurs totalement différentes des nôtres (mariages à quatre, changement de sexe mensuel, société matriarcale, etc.). Ces différences sont si frappantes qu’elles poussent le lecteur à s’interroger sur les habitudes de vie de sa propre société, sur le sexisme, le racisme, ce qu’est la normalité, le conflit entre l’amour et la sexualité.
Malgré des idées innovatrices et des réflexions philosophiques intéressantes, les trois premières nouvelles présentent des histoires un peu simplistes et répétitives. Heureusement, la qualité des récits s’élève de nouvelle en nouvelle, jusqu’à la toute dernière : « Paradis perdus ».
Cette nouvelle, sorte d’apogée du recueil, relate l’histoire d’un peuple de terriens en voyage vers une nouvelle terre d’accueil. Nés à bord du vaisseau-monde, les deux protagonistes font partie d’une génération intermédiaire : puisque le voyage durera deux cents ans, leur seul but est d’enfanter ceux qui coloniseront la planète. Dans ce récit, l’auteure approfondit les thèmes de la religion et du but de l’existence à travers un suspens accrocheur. S’il y a une bonne raison de lire le recueil, c’est sans aucun doute ce petit trésor de nouvelle.
Ursula Le Guin n’a plus à prouver que les femmes peuvent elles aussi être des génies de la science-fiction ; ceux qui doutent encore devraient se procurer L’anniversaire du monde.