L’analyse des rêves contient le premier tome de la transcription de séminaires donnés entre 1928 et 1930 par Carl Gustav Jung. Dans sa présentation, le traducteur Jean-Pierre Cahen précise que ce livre n’a pas vraiment été « écrit » par Jung, mais que ce dernier avait approuvé la transcription de ses 23 conférences, organisées sous forme de cours pratiques et de dialogues sur le rêve. Les textes réunis chronologiquement mélangent des exposés théoriques (présentés lors des premières rencontres) et des échanges sous forme de questions et de réponses auprès d’une vingtaine de spécialistes de la psychanalyse.
Le concept central de ces séminaires reste le symbole, et la méthode de Jung est mise en évidence dans l’analyse d’une vingtaine de rêves, surtout dans la deuxième moitié du livre. Les thèmes étudiés évoquent successivement l’angoisse, les interdits, mais aussi la symbolique des objets du quotidien et leur métamorphose, comme l’arbre sans fruit, des vers de terre qui envahissent une plantation, une scène intime.
Les références à la littérature sont nombreuses : le Faust de Goethe, L’île aux pingouins d’Anatole France, Dieu le roi invisible de H.G. Wells, Tartarin de Tarascon d’Alphonse Daudet. Jung cite à plusieurs reprises un roman insolite et inconnu en français : Das Reich ohne Raum [Le royaume sans espace] de Bruno Goetz. Ailleurs, pour illustrer la dualité de l’homme, Jung mentionne même un film expressionniste, L’Étudiant de Prague, qu’il présente comme « le meilleur film qu'[il ait] jamais vu ».
Freud avait tracé la voie d’une science psychanalytique des rêves dès 1899 avec ses livres L’interprétation des rêves suivi de Sur le rêve. Mais Jung se distancie nettement de la pensée freudienne : « On ne peut pas dire que le symbole, dans un rêve, n’est qu’une façade derrière laquelle on peut se cacher et dire ensuite ce que le rêve signifie. Le symbole est un fait », déclare le psychanalyste suisse en janvier 1929.
À mon avis, L’analyse des rêves n’est pas la porte d’entrée idéale à l’œuvre de Jung qui compte une trentaine de livres ; son autobiographie, Ma vie, me semble plus accessible.