Découvrir (ou redécouvrir) aujourd'hui, dans le contexte politique mondial actuel, L'affabulateur de Jakob Wassermann est une expérience pour le moins troublante. Troublante et jouissive.
Publié en 1926, le roman met en scène le damoiseau Ernest d'Ehrenberg, un conteur, un inventeur, un rêveur, un briseur de réalité ' et, surtout, le sort que lui réservent son époque et ses institutions, ses pouvoirs officiels. En effet, le briseur de réalité ne peut que déranger, agacer, menacer. Or, celui-ci, qui n'est qu'imagination et créativité, ne saurait se laisser lui-même briser. Stéphane Michaud, dans la préface du roman, en formule ainsi l'enjeu fondamental : « La parole peut-elle être tenue prisonnière » ? Question des questions...
En fait, la parole qui crée librement plutôt que de reproduire sottement la réalité est élémentaire: souffle, torrent, débordement, emportement, révolte. Aussi échappe-t-elle toujours, d'une certaine mani . . .
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