Le message de Mark A. Burch est clair : « Notre temps et notre énergie sont limités. Nous devons tous et toutes décider dans quelle mesure nous voulons les investir dans nos relations plutôt que dans l’acquisition, l’entretien et la protection de biens matériels ». S’il nous faut oublier l’illustration new age de la couverture et le ton quelque peu pédagogique du conférencier et professeur pour apprécier à sa juste et simple valeur le bon sens de cet appel, il a le mérite de parler à la personne que je suis, prisonnière d’une vie qui ne me ressemble pas : travail, besoin de compensation, fatigue, insomnie ; et tous ces matins froids où l’on remet son propre enfant dans des mains étrangères pour lui donner ce qu’il y a de meilleur…
Selon plusieurs études citées par l’auteur, les Américains considéreraient la famille et l’amitié plus importantes que le confort matériel. Mais leur angoisse face à l’avenir indéterminé prend le pas sur le besoin de rapprochement avec les leurs, qui est toujours remis à plus tard et dans un lieu de plénitude. Cette projection leur semble inéluctable, comme si l’humain était un animal voué à satisfaire d’abord ses désirs : acquérir un nouveau territoire, accumuler des réserves. Et si cet état de manque masquait en fait un désir d’être, maintenant, le désir de sentir chaque seconde le traverser ? La consommation contribue à renforcer cette confusion, à nous éloigner de notre identité en somme, que nous avons peur de perdre à chaque instant parce qu’elle est provisoire. C’est sur cette insécurité que se fondent les compagnies de marketing. Vouloir plus, toujours plus que manger, dormir, se loger, vivre selon sa conception de la dignité humaine, poursuivre cette uvre toute personnelle qui dort au fond de soi. Au nom de quel aveuglement ?
La simplicité volontaire est une mode, soit. Oui, une mode de riches puisque, évidemment, la simplicité, quand on ne mange pas à sa faim, est bien involontaire. La remise en question du contrôle des ressources de la planète en fonction de la surconsommation permettrait de desserrer l’étau des producteurs de pays en « voie de développement » ; ceux-ci pourront peut-être se nourrir des fruits de leur terre au lieu de se faire exploiter à mort par cette machine à produire des désirs polluants qu’est devenu l’Amérique du Nord. Nous sommes cette Amérique.