Sans être un sujet tabou, on peut dire que la violence des hommes est un sujet délicat. Si on veut en parler autrement que pour la condamner de façon primaire, s’entend. Aussi Jean Monbourquette sent-il qu’il ne peut faire l’économie du credo qu’on attend de lui et qu’il annonce dès son introduction : « D’entrée de jeu, je m’oppose radicalement à l’usage de la violence-agression à l’endroit des femmes, des enfants, des hommes et même des animaux ». Cela étant posé, espérons qu’on pourra entendre le reste de son propos avec ouverture. Les hommes ont un rapport particulier à la violence, et ce n’est pas en les culpabilisant qu’on les aidera, ni qu’on aidera leur entourage. Monbourquette fait aussi remarquer que le mot violence peut avoir un sens positif en français (par exemple « la violence des désirs ») que l’on a tendance à oublier parce qu’il est ignoré des médias, lesquels sont fortement influencés par l’usage anglais, où le mot n’a que son sens négatif.
La violence refoulée, la violence débridée, la violence maîtrisée et la violence sacrée : voilà les quatre grands thèmes qu’abordera pour nous ce prêtre et thérapeute. Pour ce faire, il empruntera une formule très simple, accessible et efficace : raconter une anecdote ou reproduire un extrait d’une œuvre littéraire, sur une ou deux pages à peine, pour ensuite ajouter ses réflexions et commentaires.
C’est peut-être la première moitié du livre qui est la plus inspirée, celle où l’auteur jette un éclairage actuel sur la condition masculine et sur une génération d’hommes qui, élevés par des féministes, souhaitant plus que tout être bons garçons, ne savent plus exactement comment se définir. C’est l’occasion de revenir sur le rôle de la mère et du père pour l’enfant, du passage à l’âge adulte et du « modèle masculin » que le garçon doit également trouver hors du père. L’incontournable thème de la difficulté de s’exprimer verbalement sera évidemment abordé, ainsi que la question de l’exploration de l’anima, c’est-à-dire la part de féminin dans l’homme.
Essai de psychologie et de spiritualité masculines : le livre porte bien son sous-titre et arrive à point dans notre société.