Un opuscule dont le sous-titre décrit bien le ton : humeur et humour. On reconnaît sous la plume de l’autrice la pétillante comédienne qui a prêté sa passion sur scène aux personnages immenses de Frida Kahlo et de La Callas. Le public n’a pas oublié non plus l’ange auquel elle insuffle sa fantaisie dans la publicité télévisée d’un fromage à la crème. Son complice ici, Pierre Brassard, appuie son propos par des esquisses caricaturales. Un dessin aux traits noirs sur fond blanc, avec ombres grises et touches de rouge, occupe la page titre de chacun des 40 courts textes. Un talent avéré que le public ne connaissait pas du célèbre humoriste notoire.
Le propos de l’autrice, c’est celui que lui inspire la vie ordinaire où chacun peut se retrouver. Sauf que Sophie Faucher, avec le sens de la répartie qu’on lui connaît, transforme le quotidien, la banalité, en moments de vie. C’est une invitation à regarder autrement. Puisqu’elles sont été écrites et publiées pendant la pandémie de COVID-19, il va de soi que certaines anecdotes y font référence. Grâce à sa capacité d’autodérision etd’indignation et à son enthousiasme, c’est selon, elle réussit à trouver en chaque non-événement le petit quelque chose de risible, d’absurde ou l’occasion de rendre hommage. Elle se moque par exemple de traits culturels tels que l’obsession de la pelouse parfaite, de modes moutonnières comme les voyages tout compris. Elle se joue de ces engeances que sont les arnaqueurs, qu’elle qualifie de crosseurs.
Mère, elle rejoint un grand nombre de parents qui s’attristent du départ de la maison de leur enfant devenu adulte. Elle manifeste aussi de la tendresse pour ses propres parents qui, arrivés de France en 1951, ont dû s’habituer à une autre culture, et rend hommage à la comédienne émigrée de Russie Kim Yaroshevskaya, la Fanfreluche qui l’a fait rêver enfant. Elle ne cache pas son attachement pour le Québec, mais surtout l’attrait que représente la Gaspésie, espace de son expédition annuelle en plein mois de février. À travers ses anecdotes, ses préférences et ses désintérêts, Sophie Faucher nous livre un peu d’elle-même, femme douée pour le bonheur. Vaut mieux rire que pleurer, disent ses récits.
« Parle-moi, ça m’endort », lui demande son mari Michel, la tête sur l’oreiller. Eh bien, ma foi, les textes de Ma vie, ma muse ont ce pouvoir, non pas soporifique, mais apaisant. Lire quelques récits, s’en garder pour les lendemains et s’endormir avec le sourire participe de l’art du bien vivre à la Sophie Faucher.