Cet ambitieux roman choral, qui a valu à son auteure de devenir en mars 2020 la lauréate québécoise du Prix des Rendez-vous du premier roman – Lectures plurielles, lui a fait remporter deux mois plus tard le Prix des libraires du Québec. Deux récompenses pleinement méritées pour cette magistrale exploration de la sexualité des couples.Se déroulant à différents moments, surtout en 2014 et 2015, mais aussi en 1899, 1984, 1999 et 2026, La trajectoire des confettis présente l’histoire familiale et sentimentale d’une fratrie. Xavier, barman au bar Chez Hélie, n’a pas couché avec une fille depuis seize ans et souffre d’inhibition. Sa petite amie précédente, Fanny, avait été victime d’agressions sexuelles et Xavier, honteux d’être un homme, ne savait pas comment se comporter envers elle. En janvier 2015, il aperçoit en fin de soirée une cliente aux vêtements bigarrés et tatouée à la main d’un diplodocus, commandant des « cerveaux » (un cocktail à base de schnaps, de crème irlandaise et de grenadine). Il est dès lors fasciné par cette jeune femme qui se donne des noms de reines, tient un blogue de textes érotiques et verse dans la mythomanie. Zack, le frère aîné de Xavier, forme un couple ouvert avec Charlie, une femme-enfant créatrice de papier peint. Les fréquentes aventures extraconjugales de chacun sont un piment pour la sexualité de leur couple, mais une tendance de Charlie inquiète Zack : elle fantasme sur les adolescents et il craint (à juste titre) que cette déviance ne lui attire des ennuis. Louis, le frère cadet, est enfermé dans un schéma amoureux : il forme des couples qui ne durent jamais plus de six mois ; à la Saint-Jean-Baptiste et à Noël, chaque année, il a une nouvelle compagne à présenter à sa famille. Enfin, Justin, le demi-frère, se retrouve père monoparental d’une fillette, Rosalie, qui manifeste très tôt un tempérament rebelle et le désir de devenir stérile. Une chose en amenant une autre, le roman de Thuot aborde une abondance de sujets : le mariage entre un neveu et une tante, la sexualité des castrats, la revanche des berceaux, les stéréotypes de genre, la philosophie « extinctionniste », parmi bien d’autres encore.S’il avait été le moindrement mal ficelé, un tel roman aurait donné lieu à un étourdissant fatras. Or, pour le plus grand plaisir du lecteur, Thuot allie le don d’imaginer à celui de raconter, offrant une œuvre coulante et maîtrisée, comme le sont très peu de premiers romans.
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