La lecture de ce roman étrange m’a laissé perplexe. Ma première réaction, habituellement la meilleure, en a été une de frustration ! L’histoire inaboutie m’a laissé sur ma faim. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Dans une ville imaginaire, un quartier (enclave, secteur en démolition, ghetto ?) dans lequel surnagent de rares bâtiments plus ou moins en ruine hantés par quelques âmes et, au travers, une tour de 52 étages sans fonction évidente, défendue par des personnages violents appelés les hommes-chiens.
De temps en temps, une voiture luxueuse dépose à la tour des gens riches et élégants, dont beaucoup de femmes qui y disparaissent sans en ressortir jamais. Dans un bâtiment proche vivent quelques personnages, dont Geme, qui prend soudain conscience de l’existence de la tour (ce qui n’est pas très logique en soi, mais pas grand-chose ne l’est dans cette histoire) et veut coûte que coûte y pénétrer. Un autre personnage pratique la vivisection dans un immeuble voisin et viendra quelque peu brouiller les cartes de cette nébuleuse histoire.
Par moments, on se croirait dans un film de Jean-Pierre Jeunet, ou tout simplement dans un rêve un peu kafkaïen agrémenté d’une touche de mystère slave ! Le roman flirte avec le fantastique, mais la brièveté même du récit laisse trop de choses en suspens ; il amène presque inévitablement vers un cul-de-sac un lecteur interloqué, qui se demande s’il a bien tout saisi (en supposant qu’il y ait quelque chose à comprendre) ou s’il s’est fait avoir par un écrivain habile, un peu machiavélique, amateur de puzzles, bon transcripteur de rêves.
Tout ça est quand même très bien écrit, avec poésie et talent, et mérite qu’on s’y intéresse, ne serait-ce que pour en sortir perplexe, comme moi…