À 86 ans, Benoîte Groult récidive ! Son roman à saveur autobiographique ne laisse pas ses lecteurs indifférents (ou plutôt les lectrices Y a-t-il des hommes qui lisent Benoîte Groult à part Olivier Stroh du magazine Lire ?). À propos, quelle fut ma surprise de lire monsieur Stroh, et je cite : « L’humour sied bien au roman léger de Benoîte Groult, surtout quand celle-ci vise les hommes », et puis encore : « À trop vouloir rester sur une note ironique, Benoîte Groult sacrifie trop au style oral ». Monsieur Stroh viendrait-il de Mars ?
La touche étoile est loin d’être un roman léger. Toutefois, comme le dit si bien Olivier Stroh lui-même, l’humour sied bien à Benoîte Groult. Mais il ne faut surtout pas confondre humour et légèreté ! Le roman de Benoîte Groult n’a rien de léger – et le style rien d’oral, soit dit en passant. Y sont abordés, successivement, des thèmes cruciaux comme le déclin de l’amour dans les couples, les notions de liberté et de fidélité, l’éducation des enfants, la foi chrétienne, la maladie, la vieillesse et – bonheur ! – le droit de choisir sa mort. En somme, tout au long de son court roman, Benoîte Groult parle de sujets vieux comme le monde mais pourtant encore d’actualité. Elle les traite avec humour, et cynisme il est vrai, mais avec quelle adresse manie-t-elle ces « passages à l’acte » que sont en quelque sorte ces formes d’expression. Sous couvert d’humour, ne peut-on pas tout dire ? Et Groult ne s’en prive pas, pour notre plus grand bonheur ! À condition, bien sûr, de goûter le genre
Benoîte Groult fait des constats qui dérangent la bonne conscience, la prétendue légèreté de ceux qui sont revenus de tout. Mais, comme elle le fait si bien dire à l’un de ses personnages qui cite René Char : « Tout ce qui vient au monde pour ne rien troubler, ne mérite ni égard ni patience ! » Benoîte Groult mérite tous nos égards et, bien sûr, pour les plus susceptibles d’entre nous, notre patience.