La mythanalyse, c’est la psychanalyse sociale des mythes de la société occidentale, à la différence qu’elle « ne travaille pas d’entrée de jeu sur des pathologies, mais sur le fonctionnement ordinaire de la pensée conceptuelle et de l’imaginaire social ». Le mythe étant la première forme de connaissance portée à la conscience de l’individu, il est tout à fait normal de continuer d’en trouver des relents encore de nos jours : « Les mythes sont des rationalisations savantes de l’incompréhensible ! » La démarche de l’auteur consiste à psychanalyser la conscience sociale d’une société par une analyse de son langage.
Hervé Fischer fait une distinction entre le mythe et la mythologie. Tandis que le premier est une croyance active, la seconde est un mythe désactivé. Malheureusement, au lieu de poursuivre dans une analyse des mythes de la société, Fischer se perd à tenter de justifier son approche théorique en discréditant avec des arguments d’autorité les travaux de plusieurs sociologues du siècle dernier. Il faudra attendre l’un des derniers chapitres avant de voir une analyse quelque peu intéressante de certains mythes.
Ce livre au propos décousu ne parvient pas à convaincre le lecteur de la pertinence de la mythanalyse. Malgré l’aveu de l’auteur, à savoir qu’il s’agit d’une « démarche critique de l’esprit de liberté », force est de constater que la construction théorique de son approche, basée sur les travaux de Freud et de Lacan, n’est que superficielle, oblitérant au fil des pages la complexité de la psychanalyse. Ce livre ne parvient pas à égaler les analyses de Mircea Eliade ou de Roger Caillois, pour ne citer que ceux-là, ni l’acuité des constats de Georges Devereux, créateur de l’ethnopsychanalyse.