Sous des dehors de gentil, l’individu prône l’hypercapitalisme et ne fait que ressasser un ensemble de préceptes dépassés sans apporter de solutions praticables. D’ailleurs, en guise de mot de la fin, Alain Samson demande de « ne pas tirer sur le messager ». Non !? Mais quel est l’intérêt de ces lignes s’il n’est pas question de proposer de solutions ? L’auteur s’en défend : il est préférable de comprendre la base des problèmes de la société québécoise en 10 chapitres. Inutile de préciser que les vérités présentées par l’auteur ressemblent à une liste de truismes même pas étoffée. Un exemple : « […] pour faire face aux défis de la mondialisation, il faut augmenter la productivité, apprendre à produire plus avec moins ». La recette, on l’obtient en grattant quel ticket gagnant ? Autre exemple : il faut interdire à certains dirigeants les options d’achat d’actions. Car, voyez-vous, il faut que cela cesse. Comment ?
N’en a-t-on pas soupé des « il faut » de ce monde ? Il faut trouver des leaders « qui puissent nous aider à reprendre en main notre destin collectif » ; sous le sabot d’un cheval, ça pousse où les leaders de cet acabit ? Ou mieux, « [i]l faut repenser notre société », et pourquoi pas la re-panser pendant qu’on y est ? L’apport positif de ce livre se trouve dans le coup de force de réunir les « solidaires » et les « lucides » en une grande famille de pensée n’habitant pas dans le même monde (« informel » et « formel »). Tout un exploit, il va sans dire M’est avis que dès les prémices, l’idéologie de ces deux groupes-là était antinomique, non ?
Qu’on se le tienne pour dit, nous, Québécoises et Québécois, vivons dans un monde schizophrénique : le « formel » des méchants et de la catastrophe annoncée et l’« informel » de la solidarité et du sens des valeurs de la vie. Agir en fonction de valeurs, parfait, quel beau concept, encore faut-il que nous partagions ensemble une certaine réalité dans laquelle lesdites valeurs deviennent opérantes, non ?
Nous entrons dans une autre dimension ; Alain Samson voulait-il faire la démonstration de l’existence des univers parallèles ?