Cet essai, qui pourrait aisément passer pour un thriller géopolitique, présente les coulisses de la série d’événements ayant mené aux enquêtes concernant le scandale de corruption qui a éclaboussé le fleuron du génie-conseil québécois SNC-Lavalin.
Qui aurait pu croire que l’arrestation et la collaboration, au début des années 1990, du contrebandier de drogue d’origine colombienne José Manuel Ramos allait provoquer une réaction en chaîne qui aurait des répercussions, quelques années plus tard, jusque sur le géant de l’ingénierie SNC-Lavalin et même sur le gouvernement canadien ?
C’est cette histoire quasi incroyable – mais bien réelle – que raconte l’essayiste et journaliste au quotidien La Presse, Vincent Larouche. Grâce aux confidences obtenues auprès d’acteurs ayant participé à l’aventure, son récit foisonne en révélations et détails de première main.
Dans une citation mise en exergue, le détective Lester Freamon affirme qu’on ne sait pas où suivre l’argent peut nous mener. Cela signifie ne plus s’intéresser qu’aux petits délinquants de la rue, mais commencer à déranger les activités criminelles de gens bien plus haut placés dans la société. Or, dans cette affaire, suivre l’argent est exactement ce à quoi se sont appliquées trois équipes d’enquêteurs tenaces, aux États-Unis, en Suisse et au Canada. Les enquêtes ont révélé que des gestionnaires aux plus hauts échelons de SNC-Lavalin ont été impliqués dans – ou n’ont pas vu – des activités de corruption destinées à obtenir de fabuleux contrats dans des pays étrangers, notamment en Libye. De juteux pots-de-vin ont été versés à cet effet. Et certains cadres de la firme québécoise se sont généreusement servis au passage. Tout cela en utilisant des stratagèmes et des montages financiers complexes dans le but de camoufler leurs pratiques.
En conclusion, Vincent Larouche établit le sommaire des conséquences et condamnations ayant résulté des enquêtes qu’il rapporte. Des résultats qui peuvent paraître bien minces. Il faut cependant dire que les règles que doivent suivre les enquêteurs au Canada sont particulièrement strictes. Mais la notoriété de cette affaire a certainement contribué à assainir les pratiques de plus d’une entreprise, au Canada et ailleurs.