Les transformations politiques, économiques et sociales engendrées par les baby-boomers lors de la Révolution tranquille ont fait l’objet de multiples études. Il n’en a pas été de même pour la révolution des mœurs qui, pourtant, a non moins profondément bouleversé le Québec à la même époque. C’est sans doute parce que cette seconde révolution a souvent été assimilée à sa sœur jumelle, plus connue. L’essai de Jean-Marc Piotte remédie à cette lacune dans notre histoire sociale récente. Il faut cependant comprendre que cette transformation radicale des mentalités et des comportements, en une période relativement brève, ne s’est pas limitée au territoire québécois, mais qu’elle s’est étendue à toutes les sociétés dotées d’un régime politique libéral. C’est au cours de la phase ultime (années 1960) des Trente Glorieuses (1945-1973) que cette révolution des mœurs a fleuri. Elle a donc été l’aboutissement de cette période de croissance exceptionnelle et régulière qui a suivi la Seconde Guerre mondiale et qui s’est butée à la première crise pétrolière. Elle a été, elle aussi, le fait des baby-boomers, en particulier des femmes. C’est par elles qu’est passée la libération des tabous sexuels, rendue possible par les avancées technologiques, dont la pilule anticonceptionnelle et autres contraceptifs qui ont permis de dissocier sexualité et procréation. Les femmes pouvaient dorénavant vivre une sexualité sans être contraintes à la maternité et sans être assujetties à un homme par le mariage. Les baby-boomers n’ont, bien sûr, pas créé une société idyllique. Mais leur combat a fait sauter bien des verrous qui emprisonnaient la sexualité et les libertés individuelles.
L’analyse de Jean-Marc Piotte présente l’intérêt particulier de prendre comme points de référence trois revues emblématiques : Parti pris (qu’il a contribué à fonder), pour les années 1960, Mainmise, pour les années 1970, et La vie en rose, pour les années 1980.
En somme, en braquant les projecteurs sur la révolution des mœurs, Jean-Marc Piotte met en lumière une période charnière de l’histoire sociale du Québec. Il apporte un nouvel éclairage sur une part de l’héritage, pas toujours apprécié à sa juste valeur, des baby-boomers.
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