Perçus comme des indices sur notre origine sociale, les prénoms peuvent engendrer une forme de déterminisme. Signes de bon goût ou de « déficience de culture », ils donnent souvent l’impression de nuire à l’égalité des chances.
Aussi, quand on s’appelle Kevin et qu’on travaille dans le milieu culturel parisien (pour une radio publique), ce prénom devient un stigmate, il contribue à développer « un méchant complexe ». Le dédain perçu chez les autres peut-il nous amener à nous venger de ces prétentieux remplis de préjugés ? C’est en tout cas ce que fera Kevin, le héros fataliste mais tout de même combatif de Iegor Gran.
Notre héros, qui en a marre d’être regardé de haut, attaquera la vanité de ses proies en se faisant passer pour un éditeur nommé Alexandre Janus-Smith. Sympathique, plutôt cultivé et passé maître dans l’art de flatter, cet homme rencontré au Salon du livre connaît les bouquins de ses poissons et amène ces derniers à lui remettre leurs derniers manuscrits. Après les avoir fait patienter, question de consulter son soi-disant comité de lecture, il demande quelques modifications. Puis, après des mois de tergiversations et de petites vexations, il disparaît, laissant le soin à sa prise de découvrir qu’il n’a jamais existé.
La revanche de Kevin est une satire des milieux pseudo-intellectuels et médiatiques parisiens. Avec beaucoup d’ironie, l’auteur dépeint un univers mesquin, un monde rempli de faux-semblants. Son roman méchant, mais pas trop, emprunte un peu au polar, notamment avec ses notes en bas de page qui ajoutent des éléments d’enquête, souvent des pièces à conviction contre Kevin. L’histoire est racontée à partir de plusieurs points de vue narratifs, ce qui rend le texte dynamique. Sans se prendre au sérieux, Iegor Gran réussit à nous faire passer un agréable moment, à condition d’apprécier l’humour noir.
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