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Mode lecture zen

NUIT BLANCHE

Bien servi par ses connaissances légales et sa familiarité avec le monde des affaires, Ghislain Richer a choisi comme cadre de son second roman policier l’univers souterrain et glacial des tractations financières de calibre international. Les pièges n’y sont que plus retors, les victimes mieux coincées, les profits décuplés. L’auteur, une fois de plus, mais avec un doigté encore plus assuré, mène l’enquête sur deux paliers. La police locale accomplit son travail et déblaie fort bien un terrain qu’elle ne patrouille pourtant pas souvent, mais Ghislain Richer greffe sur ce travail au ras du sol une réflexion d’une autre venue : un vieux pro attache les dernières ficelles. Le recul et la culture prennent sans mépris le relais des constats trop immédiats. Ce qui semble devenir chez l’écrivain une marque de commerce, c’est donc l’enchaînement de deux enquêtes complémentaires et pourtant séparées par une sorte de saut quantique. On songe spontanément au Néro Wolfe de Rex Stout : un détective s’agite sur le terrain ; ce qu’il rapporte déclenche le travail des cellules grises chez un très casanier amoureux des orchidées.

D’un roman à l’autre, Ghislain Richer devient plus efficace. La structure, déjà affirmée dans le premier polar, obéit cette fois à des articulations encore plus nettes. Les dialogues manquent encore de naturel et les références aux vins primés par les Snologues de haut vol grincent comme d’inutiles concessions à un certain snobisme. L’essentiel est quand même acquis : Ghislain Richer construit de bonnes énigmes et il les raconte de mieux en mieux.

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