L’inspecteur Brahim Llob est de retour dans le dernier polar de Yasmina Khadra, campé dans l’Algérie de 1988, juste avant les horreurs que l’on sait, mais longtemps après celles de 1962, année où le colonisateur français battit en retraite.
C’est pourtant jusqu’à cette époque révolutionnaire qu’il devra remonter dans son enquête, cherchant à la fois à empêcher un psychopathe récemment gracié de reprendre ses activités meurtrières et à sortir le lieutenant Lino du pétrin où il s’est placé en se mettant à fréquenter une dame des « hautes sphères ».
Au fil de cette enquête riche en problèmes de toutes sortes, l’inspecteur se frotte à un monde de corruption qu’il connaît déjà mais que l’auteur Yasmina Khadra se fait un devoir d’étaler, lui qui au début de sa carrière d’écrivain a dû utiliser un pseudonyme pour se protéger (on sait maintenant qu’il s’appelle Mohammed Moulessehoul). Dans la foulée, le commissaire Llob découvrira également le sort peu enviable réservé aux harkis (Algériens ayant combattu aux côtés des Français) à l’issue de l’Indépendance.
Yasmina Khadra aime son pays, et c’est avec tristesse qu’il en évoque l’état sociopolitique, ne ratant par ailleurs aucune occasion de chanter l’affection qu’il éprouve pour la ville d’Alger et les espoirs qu’il continue de nourrir pour son peuple. Son style désinvolte, solide et accompli n’est pas sans rappeler un San Antonio… qu’on aurait épuré de la pyrotechnie verbale et des vulgarités.