En un sens, Philippe Aubert de Gaspé n’a que lui à blâmer si son roman a été sous-estimé : il s’est lui-même déprécié ! Jacques Cardinal fait donc œuvre utile en remettant en lumière l’essentiel de son propos. Car, plus qu’une évocation passéiste, Les anciens Canadiens constitue un appel pressant à la réconciliation. Maints arguments y militent en faveur du pardon : le jeune Écossais qui a incendié le manoir devait ou obéir ou déserter, il avait sauvé la vie d’un membre de la famille, il avait obtenu de l’occupant anglais un sursis pour la famille dépossédée, il était, en plus, catholique…
L’art de Philippe Aubert de Gaspé, ce fut de rendre désirable le retour des belligérants au respect et même à l’amitié. Celui de Cardinal, c’est de ranimer, au creux d’un roman qui risquait le sort d’un reliquaire, l’utopie qui motivait Philippe Aubert de Gaspé. Cardinal ne prétend pas avoir été le seul à avoir bien lu ; on lui doit d’avoir protégé le message contre la distorsion.