Dominique Demers s’est acquis depuis longtemps un vaste public parmi les enfants et adolescents. Depuis la parution de son premier roman destiné aux adultes, Maïna en 1997, elle s’est également taillé un solide groupe de lectrices et de lecteurs parmi les « grands ». On dit que, souvent, ce sont les enfants qui suggèrent à leurs parents de lire les romans de Dominique Demers.
Là où la mer commence met en scène Marie Bouvier quittant Winnipeg, espérant soigner une peine d’amour en visitant pour la première fois sa marraine Maybel, dans un village du Bas-du-Fleuve qu’on imagine assez semblable au Bic. Sa grand-mère Florence lui a donné son journal intime comme lecture de voyage et Marie s’engloutit littéralement dans le récit de l’amitié de Florence et de Maybel. Le père de celle qu’on appelait La Belle, Alban, pilote du Saint-Laurent et gardien de phare, passe sa vie la tête dans les nuages, pour ne pas dire dans les étoiles. Il n’arrive pas à se consoler de la perte de son amour, la mère de Maybel, partie un matin avec un marin de passage.
Maybel n’est nullement rebutée par le désordre amoureux de son père, elle mord dans la vie à belles dents. Dans son village – c’est la fin du dix-neuvième siècle – , sa famille ne manque pas d’attirer les cancans et les qu’en-dira-t-on.
L’intrigue se resserre au moment de l’arrivée d’un riche écossais qui se bâtit une somptueuse villa dans l’anse aux Bouleaux. L’homme est ombrageux ; il est chasseur, et boit plus que de raison. Mais surtout il tente de dissimuler la présence de son fils que des villageois ont aperçu portant un masque de cuir. On l’aurait vu chasser des rats à mains nues, d’où le nom dont on l’affuble ; La Bête. Dominique Demers ne se cache pas d’avoir créé une version laurentienne de La Belle et la Bête.
Le récit enlevant saura emporter l’adhésion des jeunes lecteurs. Il foisonne d’observations sur la nature, sur sa beauté, sa sauvagerie. C’est le récit de la bataille éternelle entre la passion et la raison, la bataille du conformisme et de l’extraordinaire.