Cet album de près de 200 photographies en noir et blanc est centré sur l’histoire de la pêche et l’économie maritime, un parcours permettant de découvrir la vie quotidienne des régions de la Côte-Nord et de la Gaspésie. La plupart des images montrent des pêcheurs avec leurs prises : morues, homards, flétans, harengs. Différentes méthodes sont illustrés, telles que la pêche à l’anguille, la pêche à fascines, la chasse aux marsouins. Il faut voir les ouvriers d’une même famille préparant la morue sur une large table de bois, avec comme arrière-fond le rocher Percé, en 1941. Une photo saisissante témoigne d’une prise disproportionnée : 107 bélugas furent capturés simultanément durant une nuit de 1929 sur la plage de Rivière-Ouelle. L’une des photographies les plus impressionnantes date de 1905 et nous fait voir le dépeçage d’une baleine, près de Sept-Îles. D’autres régions du Québec sont présentées, comme dans la photographie d’un fermier de l’Isle-aux-Coudres qui fertilise son champ avec du varech.
Il est significatif que ces photographies prises durant une période de près d’un siècle présentent uniquement le poisson comme une ressource à exploiter, en apparence inépuisable, et non comme une beauté de la nature. Mais le commentaire de Sylvain Rivière insiste sur l’inquiétude devant les journées de prises maigres, et souligne en filigrane que le produit de la pêche était le plus souvent exporté outre-mer.
Une section considérable porte spécifiquement sur les Amérindiens du Québec au début du XXe siècle, laissant voir des différences notables dans leurs façons de se vêtir. Un glossaire définit une centaine de termes techniques et de québécismes reliés à la pêche qui sont utilisés dans le texte ; par exemple « aboiter » veut dire « appâter » ; la « quiaude » désigne une « chaudrée de poisson » ; le « vigneau » signifie une « table en treillis pour le séchage de la morue ». Presque chaque notice apporte un mot de vocabulaire inusité.