Dans son plus récent essai, Gaston Tremblay s’intéresse à la genèse de la littérature franco-ontarienne. L’essayiste rompt avec une tradition qui définit cette littérature comme ce qui s’est écrit en français, de tout temps, dans les frontières actuelles de l’Ontario. Pour l’auteur, il y a un contre-sens à parler de littérature franco-ontarienne à une époque où cette étiquette n’est pas revendiquée par qui que ce soit. Ainsi, dans les années 1970, ce sont de nouveaux organismes littéraires qui naissent et cette nouvelle structure émerge du vacuum ; elle n’est donc pas directement héritière des organismes canadiens-français qui ont disparu ou se sont recentrés sur le Québec. Pour Gaston Tremblay, c’est à Sudbury au début des années 1970 qu’émerge vraiment la scène littéraire franco-ontarienne, mouvement qui concerne aussi les autres disciplines artistiques. La Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario (CANO) devient alors l’agent central de cette émergence.
Malgré une somme de recherches exemplaire qui fera sans doute de cet ouvrage une source importante pour ceux qui s’intéressent de près à la problématique soulevée, le principal défaut de La littérature du vacuum est de pécher par l’excès. Le lecteur a parfois l’impression de consulter plusieurs livres en un.
D’une part, nous sommes face à une approche inspirée de Pierre Bourdieu qui s’intéresserait principalement à la constitution du champ littéraire franco-ontarien et aux rapports de force qui le relient aux institutions majoritaires qui l’entourent. D’autre part, l’analyse des œuvres des auteurs phares retenus (Jean Éthier-Blais, André Paiement, Robert Dickson) s’appuie sur une approche très biographique qui peut étonner de la part de quelqu’un qui se réclame souvent de la pensée de Roland Barthes.
Il se trouve que même si l’ouvrage se présente comme une étude de style universitaire (il est publié dans la collection « Voix savantes »), Gaston Tremblay est un des acteurs clés de l’histoire qu’il raconte et l’équilibre entre le fruit de ses recherches et son expérience n’est pas toujours simple à décoder. D’ailleurs, le choix de parler de lui-même à la troisième personne, reléguant l’essayiste au « nous » scientifique, n’est pas très heureux.
Voilà donc un ouvrage qui trace une genèse exhaustive de la littérature franco-ontarienne en s’appuyant sur une importante documentation, mais qui cherche souvent le ton juste, peut-être à cause d’une quête d’objectivité un peu vaine.
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