Pour souligner son cinquantième anniversaire, le groupe de recherche Trésor de la langue française au Québec (TLFQ) propose une œuvre collective alliant bande dessinée et recherche lexicographique qui peut plaire aux amateurs du neuvième art et aux gens qui s’intéressent à l’histoire du français du Québec.
Présente sur le Web depuis 2022, cette réalisation est enrichie dans sa version papier. D’abord, on remarque l’ajout de quatre expressions québécoises en bandes dessinées et de cinq bédéistes (le duo Lesdeuxpareilles ayant exécuté une planche). De plus, pour chaque expression sont offertes une définition et des explications sur ses origines, les œuvres logeant principalement sur la page de gauche et les textes, sur la page de droite. Le tout est enveloppé d’une couverture rigide, ce qui surprend vu le petit prix de l’album.
Son titre est très bien pensé, puisque la langue est abordée indirectement dans les bandes et les planches. Chaque bédéiste a scénarisé et dessiné sans mentionner ni expliquer l’expression traitée. D’ailleurs, les artistes ont effectué leur choix parmi une liste établie par Robert Vézina à partir des entrées du Dictionnaire historique du français québécois, également conçu par le TLFQ.
Les bédéistes, de tous âges, sont de différents horizons professionnels et géographiques. Chacun(e) propose une vision personnelle de l’expression choisie, sous forme de bande ou de planche, avec ou sans phylactères, en couleurs ou en noir et blanc, avec un ton humoristique, absurde, touchant ou étonnant. Parfois, les expressions sont très concrètes et dans certains cas, elles sont métaphoriques. La créativité des artistes s’allie parfaitement à la rigueur des lexicologues qui ne manquent pas d’humour pour terminer les courts textes.
Certaines des 28 expressions sont plus usuelles que d’autres. De page en page, on découvre qu’« être assez fou pour mettre le feu, mais pas assez fin pour l’éteindre » est une innovation québécoise, alors que « l’argent ne pousse pas dans les arbres » est un calque de l’anglais américain et que la locution « se pogner le beigne » est attestée depuis 1993, ce qui en fait l’expression la plus récente de toutes celles qu’illustre le collectif. Mention spéciale à « ne pas avoir posé les pattes aux mouches », une variante moins connue de « ne pas avoir inventé le bouton à quatre trous ».
Preuve que le TLFQ n’était pas dans les patates en développant ce projet, un deuxième tome est dans les cartons.
Avec les bédéistes André-Philippe Côté, Bach, Boum, Brigitte Archambault, Cab, Christian Quesnel, Daniel Shelton, Djibril Morissette-Phan, François Vigneault, Ghyslain Duguay, Iris, Jacques Lamontagne, Jean-Paul Eid, Jean-Philippe Morin, Jean-Sébastien Bérubé, Jordanne Maynard, Lesdeuxpareilles, Louis Rémillard, Marguerite Sauvage, Mario Malouin, Mélanie Leclerc, Michel Rabagliati, Pascal Colpron, Richard Suicide, Siris, Sophie Bédard, Stéphanie Leduc et Thom.