À l’époque où les enfants mouraient souvent en bas âge, Klara Pölzl, la mère d’Adolf Hitler, craint toujours que Dieu le lui ravisse, comme Il lui a déjà repris trois enfants. Adolf, adulé par sa mère, présente donc dès son plus jeune âge quelques traits de personnalité narcissique. Néanmoins, rien dans sa petite enfance ne laisse présager l’agitateur puis le tyran qu’il deviendra.
Le roman de Michel Folco, bien documenté, s’en tient aux 25 premières années d’Adolf Hitler dont il brosse un portrait précis et crédible. Aussi y est-il peu question de politique puisque Hitler ne s’y intéresse vraiment qu’après l’assassinat de l’archiduc d’Autriche, François-Ferdinand, prélude au déclenchement de la Première Guerre mondiale.
D’abord sage, discipliné et bon élève, le petit Adolf se transforme peu à peu en un adolescent paresseux, irascible, effronté et arrogant. Après avoir voulu être tour à tour abbé, fermier et Peau-Rouge, il se décide enfin : il sera un grand peintre ! Déjà, il fait des croquis de la transformation de la Franz-Josef Platz : « J’exigerai qu’on déplace ces deux maisons là-bas qui bouchent la perspective sur le Danube ». Ainsi pourra-t-on y ériger « la statue en pied du génial artiste peintre-architecte Adolf Hitler ». Puis il se découvre d’autres intérêts : alors qu’il accompagne sa sœur et son fiancé à l’opéra, il est séduit par une représentation de Guillaume Tell. Plus tard, il manifestera une passion pour les opéras de Wagner et une curiosité pour les écrits d’Arthur Schopenhauer, attiré par le titre du livre qu’a reçu sa petite sœur en cadeau : L’art d’avoir toujours raison.
On assiste par la suite à son arrivée à Vienne et à sa première humiliation : il est recalé à l’examen d’entrée aux Beaux-Arts. Sa deuxième tentative se soldera par la même vexante défaite. Sa superbe en prend un coup ! Déprimé et désœuvré, il se transforme rapidement en vagabond et fréquente les refuges et les soupes populaires. Étonnant quand on songe au chef suprême qui, quelques années plus tard, imposera son pouvoir maléfique !
Pour ceux et celles qui cherchent une explication à la transformation en monstre d’un gamin somme toute ordinaire, ils devront se contenter de l’évocation de l’antisémitisme contre lequel Hitler s’insurge à cette époque.
Avec la verve qu’on lui connaît, Folco nous donne ici un roman convaincant qu’on dévore rapidement tout en espérant une suite !