La scène : un atelier poussiéreux, des statuettes ratées et une sculpture en travail.
Entre Lili, jeune fille dans la quinzaine. Elle tient un cran d’arrêt. Ses mains et ses vêtements sont couverts de sang. Elle se réfugie dans un coin. Un itinérant la suit.
Arrive Ken, père de Lili. Le cellulaire dans une main, à régler des affaires, et de la glaise dans l’autre, à sculpter le buste qui attend sur le banc. Il découvre sa fille, prostrée au fond de l’atelier.
Que lui est-il arrivé ? Qui a osé s’attaquer à elle ? Et qui est ce clochard ?
Le premier réflexe du père est de vouloir appeler son avocat. Lili s’y oppose. C’est idiot, comme tout ce qu’il fait et tout ce qu’il dit.
Ainsi, la pièce se développe entre les attaques de la fille et les réflexes de défense du père. Les deux se valent bien. L’analogie tient, entre le buste d’argile que le père tente de modeler et la vie de sa fille, qu’elle se plaît à détruire.
Mais que voulait-elle de lui ? Il a toujours respecté sa liberté, tout donné, payé largement.
Lâcheté ! Désengagement ! Il fallait jouer son rôle, dire non, être là, présent pour elle et sa mère. Maintenant, il est trop tard, cela donne ce qui est là, une sculpture ratée, comme elle, qui a des trous affreux, que son père a créés, parce qu’il est ridicule, sans talent, et raté lui aussi.
Au contraire ! La sculpture est belle ! Voilà une vision personnelle, une œuvre en devenir, pleine de promesses. Sa fille est ce qu’il y a de plus extraordinaire. Les trous sont des entrées pour la lumière, l’espoir… elle est jeune !
Chacun s’est éloigné, pour faire la preuve d’on ne sait quoi aux autres, alors qu’aurait suffi une présence, ne serait-ce que silencieuse, celle que personnifie le lecteur, le spectateur ou l’homme silencieux, justement, qui est toujours là. Il est témoin ; itinérant dans sa propre vie, il erre aussi dans celles de Ken et de Lili. Il habite et anime le vide intérieur de chacun, agit au gré des échanges, des ambivalences, des désirs de fuite ou des élans de rage ou de courage de l’un et de l’autre.
On peut imaginer que pour le metteur en scène, c’est une puissance, qui peut servir à donner du mouvement, du percutant, des levées de poussière et de grands coups de balai entre les répliques et les tableaux. Cette force aidera les protagonistes à mettre de l’ordre ou du désordre, dans leurs idées comme sur la scène.
Michel Ouellette, par cette œuvre, offre une occasion de réflexion, de réconciliation, avec soi et avec ceux dont le bonheur nous tient à cœur.
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