Retranché en Islande quelque part au bord de l’océan Atlantique, un écrivain peine à mettre en mots l’histoire lui trottant dans la tête. Il préfère contempler le fascinant spectacle de la mer qui s’étale sous ses yeux. Ses réflexions sur la créativité, ainsi que son humour un brin malsain, étonnent et enchantent.Printemps, été, automne, hiver. Jonas, le narrateur de La fenêtre au sud et double de l’écrivain islandais Gyrðir Elíasson, raconte en quatre saisons sa solitude et ses efforts, si faibles soient-ils, pour communiquer avec d’autres, parfois à Reykjavik, parfois dans un lieu perdu, loin de tout et de tous. « Quand [le Vénitien] Vivaldi a composé L’Hiver, il ne pouvait guère soupçonner qu’il en existât un comparable à celui qui règne ici. »Que sa réputation s’appuie sur son livre précédent Au bord de la Sandá ou encore sur sa dernière parution, La fenêtre au sud, on dit de Gyrðir Elíasson qu’il est l’auteur de romans où il ne se passe rien. On dit aussi que ses ouvrages appartiennent au mouvement nature writing – remontant à Thoreau –, terme plus ou moins bien traduit par « écrits sur la nature ». Inspiré par l’environnement, la campagne, la montagne ou la mer, Elíasson va à l’essentiel et aborde les grands thèmes existentiels sans avoir l’air d’y toucher. « J’avance seul à travers tout. Le temps présent m’a fabriqué, je suis son rejeton, mais il me laisse me débrouiller tout seul à travers la vie, comme si je ne le concernais plus. »La simple manipulation des objets du quotidien échappe au protagoniste Jonas, malhabile et un peu égaré dans la réalité, locataire d’une maison isolée appartenant à un ami. Il semble même perdre sa bataille contre sa machine à écrire Olivetti, véritable relique du temps jadis. Ce sera bientôt la panne sèche s’il ne trouve pas de rubans encreurs de l’époque. « J’envisage de colorer le mien d’une façon ou d’une autre, et même de le laisser tremper dans de l’encre noire pendant la nuit. » Ses feuillets ne seront plus alors que des pages blanches, vierges de tous signes.Né à Reykjavik en 1961, Gyrðir Elíasson est un des importants poètes-écrivains islandais de sa génération. Il possède un étonnant registre philosophique, souvent déconcertant. La fenêtre au sud se déguste à petites doses, sourire aux lèvres ou réflexion à l’âme. « Un auteur a parfois besoin de simplement penser, rester allongé sur le canapé comme Rilke, mais si l’on reste trop longtemps couché, il peut s’avérer difficile de se relever. »
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