Écrit dans une langue orale mélangeant régionalismes et dialecte parlé par les jeunes, La déesse des mouches à feu est inspiré de l’adolescence de l’auteure à Chicoutimi. Toutefois, la fiction prend le pas sur les événements qui ont inspiré ce livre cru et parfois lyrique, malgré tout.
Catherine, la narratrice, a quatorze ans et fait de nouvelles expériences, celles que les adultes ont tendance à interdire, bien sûr. Le récit, qui se clôt avec le déluge du Saguenay (1996), nous est raconté dans sa perspective, dans un style percutant qui traduit bien l’ambiance de cette période de rébellion, où l’idéalisme consiste souvent à ne faire aucun compromis. La dédicace aux « petites crisses » donne le ton de cette histoire dont le décor comprend un « campe dans le fin fond du bois » et le champ derrière le centre commercial. Les jeunes, comme dans Sa majesté des mouches de William Golding, y mettent en place leurs propres codes, forment une hiérarchie tribale où les « plus hot », ainsi que les camps opposés dans les bagarres, se distinguent par leur style ou leur « look ». Pourtant, l’héroïne, à certains égards, est plutôt romantique.
En effet, l’aspect glauque de tout cela semble échapper à Catherine qui, en raison de son âge, voit les choses autrement, conservant une certaine pureté malgré les « baises floues » et la consommation en grande quantité de mess. Cette subjectivité est tangible dans l’émulation créée par le monde du rock et de la contre-culture. Elle est aussi illustrée dans ce cadeau offert par la mère de la narratrice : Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… Loin d’être considérée comme un contre-exemple, cette histoire sera vite transposée, comme l’a dit Pettersen en entrevue, en « Berlin rue Racine » ou, si on préfère, en « Trainspotting à Chicoutimi-Nord ».Une façon comme une autre de rêver d’ailleurs.